Reines et Princesses-Dynasties d'Europe

Elizabeth Marie,

Archiduchesse d'AUTRICHE

Elle est la fille de Rodolphe de Habsbourg-Lorraine (1858-1889), héritier de l'Empire austro-hongrois, et de Stéphanie de Saxe-Cobourg et Gotha (1864-1945), princesse de Belgique.

Un moment envisagée comme épouse potentielle pour Albert de Saxe-Cobourg et Gotha (1875-1934), héritier de Léopold II, Erzsi est finalement écartée au profit d'Élisabeth de Wittelsbach (1876-1965), la nièce de l'impératrice Sissi.

L'année suivante, elle débute une relation avec Othon de Windisch-Graetz (1873-1952), officier et prince autrichien de 28 ans, et exprime le désir de l'épouser.

L'empereur d'Autriche-Hongrie convoque l'officier qui se conforme et demande la main de la petite-fille de son souverain.

Le mariage est célébré le 23 janvier 1902, et le couple princier s'établit au château de Ploschkowitz en Bohême.

Ils auront rapidement plusieurs enfants, dont quatre survivront :

• François-Joseph (22 mars 1904-1981),
  - Ernest (21 avril 1905-1952),
  - Rodolphe (1907-1939),
  - Stéphanie (1909-2005), qui épousera le comte Pierre d'Alcantara de Querrieu.

Dès 1912, l'incompréhension s'installe entre les époux.

L'ennui mène à une crise conjugale grave qui se transforme en animosité au fil des ans.

Comme sa grand-mère paternelle, Sissi, la princesse de Windisch-Graetz voyage fréquemment tandis que son mari préfère rester en Bohème.

Dès 1913, la princesse apparaît publiquement avec le lieutenant de vaisseau Egon Lerch, qui trouve la mort le 7 août 1915 dans le sous-marin où il servait, torpillé par les Italiens près de Trieste.

Sa disparition plonge l'archiduchesse dans le désespoir.

François-Joseph décède le 21 novembre 1916 à Vienne, en pleine Première Guerre mondiale, provoquée par l'assassinat de son neveu François-Ferdinand le 28 juin 1914 à Sarajevo.

Il laisse à son petit-neveu, Charles Ier (1887-1922), un empire affaibli par des défaites répétées et des pressions tant externes qu'internes pour mettre fin aux combats.

Il est contraint de renoncer au pouvoir le 11 novembre 1918, sans pour autant abdiquer formellement.

Élisabeth-Marie perd ses titres de noblesse, désormais interdits par la première république d'Autriche.

Engageant une procédure de « séparation de table et de lit » en 1919 (le divorce n'étant pas reconnu légalement), elle fait la connaissance de Leopold Petznek (1881-1956), professeur et homme politique social-démocrate, élu député en 1921.

Élisabeth-Marie restera la compagne de Leopold pendant vingt-quatre ans sans avoir la possibilité de l'épouser, à cause des lois interdisant le divorce.

Elle maintient une distance avec ses enfants, dont les relations se détériorent, et elle rejette les époux de ceux-ci.

Le couple emménage à Hütteldorf, un quartier résidentiel de Vienne. Elle adhère au Parti social-démocrate et est surnommée « l'Archiduchesse rouge » par la presse, en raison de son affiliation et de son soutien financier au parti socialiste.

En 1938, suite à l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie, la princesse est interrogée à plusieurs reprises par la police pour son activisme politique.

Son partenaire Leopold est envoyé au camp de concentration de Dachau en septembre 1944. Il est libéré en avril 1945 par les forces américaines.

Le couple se marie finalement en 1948.

Avec la libération de Vienne par l'Armée rouge, la villa de la princesse est réquisitionnée et pillée par les soldats soviétiques.

Comme l'Allemagne et Berlin, l'Autriche et Vienne ont été divisées en zones d'occupation par les forces alliées.

La villa a été occupée de nouveau, cette fois par les Français du général Antoine Béthouart, Hütteldorf étant en zone française.

Ce n'est qu'en 1955, après la fin de l'occupation alliée et le retour de la souveraineté complète de l'Autriche, que le couple âgé a pu s'y réinstaller.

Le couple souffrait de problèmes de santé, et l'ex-archiduchesse passait de plus en temps en chaise roulante.

En juillet 1956, son mari est décédé d'une crise cardiaque.

Élisabeth-Marie s'est lancée dans l'élevage de bergers allemands, avec lesquels elle a remporté plusieurs prix.

Elle est décédée à Vienne le 16 mars 1963, à l'âge de 79 ans.

Seule sa fille a eu le droit de lui rendre une dernière visite, brièvement et sous surveillance.

Élisabeth-Marie a été enterrée le 22 mars 1963 dans une tombe anonyme du cimetière d'Hütteldorf, selon ses dernières volontés.

Dans son testament, elle a fait don des collections impériales, meubles et tableaux qu'elle avait sauvés après le pillage de sa villa, à des musées de Vienne.